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Certes, tout le monde aime « la nature », et en particulier la forêt, qui en est pour nous l’expression la plus pure et complète. Mais de quelle nature s’agit-il ? Et qu’est-ce qu’une forêt ? Ces 5 livres challengent nos idées toutes faites et nous font voyager dans le temps et l'espace…

Gardons-nous de penser que la nature est une chose figée, immuable, ou même qu’elle puisse avoir une définition unique. Selon les peuples, les époques et les milieux sociaux, la forêt change de signification, et même de visage. Car souvent, la nature a su tirer parti des habitudes des humains qui l’habitent ou qui la fréquente…

C’est parti pour un petit voyage écosophique* à travers le temps et l’espace, qui explorent la forêt et les histoires humaines qui en émanent…

La guerre des forêts. Luttes sociales dans l’Angleterre du XVIIIe siècle.

Par Edward P. Thompson.

L’exclusion des paysans des forêts et leur privatisation au détriment des droits et usages communes est un phénomène général en Europe et dans le monde. Il continue aujourd’hui de laisser des traces, qu’il s’agisse de protéger les domaines de chasses des seigneurs, de créer des grands domaines royaux, ou plus tard …des parcs nationaux. Un livre précieux pour s’interroger sur nos pratiques de conservation, même quand elles sont bien intentionnées.

Forêts. Essai sur l’imaginaire occidental.

Par Robert Harrison.

Une somme d’érudition sur les représentations et les significations de la forêt dans la mythologie, la littérature et la culture occidentale en général, depuis l’Antiquité. Harrison décortique en particulier le mythe très répandu des géants, qu’il interprète comme la mémoire collective d’une ancienne religion qui divinisait les arbres… Pas si loin de nos Celtes de l’Entre-Sambre-et-Meuse, qui adoraient les arbres !

Comment pensent les forêts.

Par Eduardo Kohn.

Un essai d’anthropologie sur les peuples amazoniens, qui porte une thèse très originale : les humains et les autres vivants échangent des signes et construisent ainsi des langages qui s’interpénètrent. Pour ces peuples (et pour leur forêt), nature et culture sont inséparables. Et après tout, qu’est-ce que l’écologie sinon la science des signes que s’échangent les vivants… donc aussi nous, les humains ?

Être forêt. Habiter des territoires en lutte.

Par Jean-Baptiste Vidalou.

Vidalou montre comment la forêt et les luttes sociales se connectent entre elles dans les Cévennes, aujourd’hui comme hier. Selon lui, réglementer et privatiser les forêts, c’est donc s’attaquer aux espaces de résistance et de lutte. Voilà qui nous rappelle l’esprit rebelle de notre région, où les forêts ont abrité des résistants pendant la guerre, et les protagonistes de la fameuse « bataille de l’Eau Noire »…

Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers États.

Par James C Scott.

Incontournable ! Pour cet anthropologue « anarchiste », les États sont nés de l’asservissements de peuples indigènes par des envahisseurs esclavagistes. Ceux qui n’ont pas voulu de cet esclavage sont partis dans les montagnes et les forêts, là où la civilisation agraire était alors incapable de se déployer. La plupart des grands espaces « naturels » d’aujourd’hui subsistent grâce à leurs modes de vie intégré dans leur environnement.

Ce dernier livre nous renvoie aux précédents, en posant la question du dilemme millénaire qui se pose à la civilisation : transformer, uniformiser et asservir la nature ? ou inventer des modes de vie intégrés harmonieusement dans ses dynamiques et ses évolutions ?

Bonne lecture. N’hésitez pas à nous parler de vos propres livres de chevet et réflexions sur la forêt via experience@parc-national-esem.be…

#renaturer #reconnecter #repenser

*L’écosophie est une forme de philosophie qui mêle réflexion conceptuelle et approche naturaliste.