Un coléoptère du genre Colydium, décrit pour la première fois en 2024, a été récolté récemment par des chercheurs de l’Université de Liège dans les forêts du Parc national ESEM. Cette espèce est un nouveau témoin de la biodiversité inépuisable associée au bois mort ou mourant, dans les forêts naturelles en libre évolution.

Dans le cadre des inventaires de suivi écologique des réserves biologiques intégrales du Parc national, une équipe de l’Université de Liège a identifié une nouvelle espèce belge de coléoptère : Colydium noblecourti.

Cette espèce a été décrite pour la première fois en 2024, dans un article de la revue scientifique Deutsche Entomologische Zeitschrift. Les auteurs la compare aux deux autres espèces du genre Colydium connues dans la région paléarctique (vaste région couvrant l’Europe, la majeure partie de l’Asie et l’Afrique du Nord). Très proche de son cousin C. filiformis, l’espèce a été isolée par séquençage ADN.

Une écologie singulière, mais mal connue

L’écologie de ces trois espèces reste largement à étudier. Les descriptions de terrain indiquent qu’elles vivent sous l’écorce d’arbres morts ou mourants, où il occupe les galeries creusées par d’autres insectes. À ce stade, il n’est pas clair si ce coléoptère saproxylique est un prédateur d‘autres coléoptères ou de leurs larves, ou s’il joue plutôt un rôle de « nettoyeur ».

Qu’elle soit prédatrice d’un autre insecte saproxylique, ou simplement commensale (les deux espèces cohabitent sans se nuire), l’espèce témoigne une nouvelle fois de la richesse des espèces associées au bois mort ou mourant (on estime qu‘elles constituent jusqu’à 25% de la biodiversité des forêts naturelles en bon état de conservation). Et quelle que soit sa place dans l’écosystème, on peut faire le pari que C. noblecourti participe, à sa modeste place, aux processus et dynamiques d’une forêt sauvage et résiliente !

Galerie de scolyte. ©Julien Preud’homme (Ardenne & Gaume)

Hêtre, charme ou pin noir

Au niveau des essences concernées, C. noblecourti, semble apprécier le hêtre et le charme (abondant chez nous). En Autriche, où il a été décrit précédemment, il montre une préférence pour le pin noir (tiens, tiens… une connaissance dans l’Entre-Sambre-et-Meuse), mort et sur pied.

Difficile à distinguer des deux autres espèces du genre, noblecourti présente un aspect plutôt robuste, avec un pronotum (carapace thoracique) et des élytres plus larges, par rapport à la longueur. L’animal est relativement grand en comparaison des deux autres espèces paléarctiques du genre. Sur les photos des spécimens types, on observe des antennes joliment coudées, qui se terminent par des massues épaisses.

Source : Parmain, G., Eckelt, A., & Schuh, R. (2024). The genus Colydium Fabricius in Europe (Coleoptera, Zopheridae, Colydiinae) with description of a new species, Colydium noblecourti sp. nov. Deutsche Entomologische Zeitschrift, 71(2), 289-301.

Images : Idem, Wiki Commons / Julien Preud’homme.